Dans sa famille, seule Suzanne désir­ait du change­ment. Son mari, pilote dans l’ar­mée, était sou­vent absent et elle éduquait ses enfants seule. Tous ses efforts pour chang­er ses proches avaient échoué. On lui avait con­seil­lé de ne pas insis­ter et de se con­cen­tr­er sur ce qu’elle-même pou­vait chang­er. Et elle a par­faite­ment réus­si ! On lui avait dit de cess­er de vouloir tout faire. Ain­si, chaque mem­bre de la famille a fait sa part de travaux ménagers. De son côté, Suzanne a pu réalis­er son vieux rêve : pren­dre des cours de chant. Il est vrai que ce fut dur de ne plus être der­rière tout le monde et de les laiss­er pren­dre leurs respon­s­abil­ités. Au début, lorsque per­son­ne ne lev­ait le petit doigt et que le désor­dre lui sem­blait insup­port­able, elle voulait tout aban­don­ner et repren­dre ses vieilles habi­tudes. C’est à ce moment pré­cis qu’elle a lu un livre sur le fran­chisse­ment du mur du son. Les pilotes qui avaient ten­té de l’atteindre avaient tou­jours aban­don­né au moment où l’avion deve­nait insta­ble. Un jour, l’astronaute Chuck Yea­ger s’est dit : « Après les vio­lentes vibra­tions, tout devien­dra peut-être calme ». Yaeger a accéléré là où les autres ralen­tis­saient, et il est entré le pre­mier dans cette zone de grand calme. Après avoir essuyé les inces­santes cri­tiques de sa famille pen­dant tout un week-end, Suzanne s’est affer­mie et a résisté à ses vieux instincts. Cela a pris du temps, mais après quelques plaintes, les enfants ont pris plus de respon­s­abil­ités et son mari a été plus sou­vent présent. « Ne nous las­sons pas de faire le bien ; car nous moisson­nerons au temps con­ven­able, si nous ne nous relâ­chons pas ».