Si vous en êtes à vous deman­der si votre enfant sera adulte un jour, bien­v­enue dans la phase cri­tique de l’éducation. Un ado­les­cent passe facile­ment de l’optimisme au pes­simisme, de l’excitation à l’ennui, de l’assurance au doute, de la joie au dés­espoir, du désir d’autrui au rejet de tous, de la quié­tude à l’instabilité, de la col­lab­o­ra­tion à l’opposition, et tout cela en quelques sec­on­des ! Et, lorsque vous lui deman­dez ce qui ne va pas, il vous répond : « Rien » ou « Je ne sais pas ». Effec­tive­ment, il ne le sait pas. Sujet à des boule­verse­ments métaboliques, il se trou­ve entre deux mon­des, celui de l’enfance et celui de l’adulte. Il a besoin de com­préhen­sion et de patience. Il vit une étrange odyssée qui désta­bilise et déroute. Les enfants con­nais­sent les règles de leur monde, les adultes savent les leurs. On attend d’un enfant les réac­tions d’un enfant et d’un adulte, celles d’un adulte. L’ado­les­cent n’ap­par­tient, lui, à aucun des deux mon­des. Lorsqu’il se com­porte comme un enfant, il essuie des reproches : « Quand vas-tu grandir ? » Et lorsque qu’il agit comme un adulte, il entend : « Tu n’as pas le droit, tu es un enfant ! » Les car­ac­téris­tiques de ces deux mon­des sont bien dis­tinctes, sauf pour votre ado­les­cent qui passe de l’un à l’autre sans dis­tinguer celui auquel il appar­tient. Il se tourne alors vers les amis de son âge, pour­tant inca­pables de l’aider. La solu­tion, ce sont des par­ents qui le com­pren­nent et le ras­surent : « Lorsque j’é­tais enfant, je par­lais […], je pen­sais […], je raison­nais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai aboli ce qui était de l’enfant ».