Pour John Ortberg, un péché ordinaire est celui auquel on est confronté souvent. Non qu’on y succombe, mais on est vulnérable dans ce domaine précis. Le péché ordinaire est souvent lié aux talents ordinaires. Tout comme un grand buteur peut aussi manquer beaucoup d’occasions, nos dons et nos passions sont également nos zones de faiblesse. Les extravertis qui peuvent inspirer et encourager les autres ont parfois tendance à médire. Les gens qui aiment enseigner peuvent être tentés par un sentiment de supériorité. Les gens spontanés sont souvent trop impulsifs. Ceux qui sont à l’écoute de Dieu peuvent devenir passifs. Les optimistes sont souvent enclins au déni. Chez les Grecs, Némésis est une ennemie invincible. Notre Némésis nous ressemble presque en tous points, sauf qu’elle est une version frelatée de nous. Pour Sherlock Holmes, c’était le professeur Moriarty, un homme tout aussi brillant que lui. Il ressemblait à un Sherlock qui aurait mal tourné. Et comme le lien est étroit entre le pire et le meilleur de chacun(e), dans bien des domaines de la vie nous sommes notre propre Némésis. Nous avons tous notre part d’ombre ! Pourquoi est-ce utile de le savoir ? Parce que la conscience de nos propres penchants est le premier pas vers la mise en place d’une défense appropriée. Nous avons une formidable capacité à l’aveuglement et à l’auto-justification. S’adressant aux croyants tièdes de l’Église de la fin des temps, Jésus leur conseille « un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies » (Ap 3.18).